Une innovation en matière de recyclage promet un avenir plus écologique pour le plastique
Les décideurs politiques et les citoyens sont de plus en plus conscients que la lutte contre les déchets plastiques constitue un défi majeur. Malgré les progrès réalisés, environ 360 millions de tonnes de déchets plastiques sont toutefois encore produites chaque année. La bonne nouvelle, c’est que de nouvelles solutions prometteuses voient le jour. L’une d’entre elles est la technologie de conversion thermochimique, qui permet de transformer les déchets plastiques en matières premières réutilisables. «En adoptant ces technologies, nous pouvons transformer une menace écologique mondiale en une solution durable», explique Mohammad Salimi, chercheur du projet CATALEPTIC(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), actuellement ingénieur à Topsoe(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) au Danemark. «Le potentiel est immense: un monde où les déchets plastiques sont non seulement gérés mais aussi exploités pour contribuer à un avenir plus propre.»
Transformer les déchets plastiques en matières premières réutilisables
Le projet CATALEPTIC, coordonné par l’université d’Aalborg(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) au Danemark et soutenu par le programme Actions Marie Skłodowska-Curie(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), s’est intéressé au recyclage des polyoléfines, une famille de thermoplastiques. Son objectif était de transformer ces déchets plastiques en matières premières réutilisables et en carburant, grâce à un processus de conversion thermochimique innovant appelé liquéfaction hydrothermale(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (HTL pour «hydrothermal liquefaction»). Lors de ce processus, un réacteur fermé convertit la biomasse humide en pétrole brut biologique et en produits chimiques. «Dans le cadre de ce projet, j’ai voulu approfondir la chimie de base et les aspects matériels du processus», explique Mohammad Salimi. Pour ce faire, Mohammad Salimi a mis en place des réacteurs HTL en micro batch remplis d’eau et de polymères purs. Ces réacteurs ont été maintenus à une température comprise entre 300 et 400 °C et ont fourni des informations précieuses sur le potentiel de la HTL dans le recyclage des polyoléfines.
Évaluer le potentiel de la liquéfaction hydrothermale
Les essais pilotes ont permis à Mohammad Salimi d’identifier quelques avantages et inconvénients de l’application de la technologie HTL à certains polymères. «Nous avons pu mettre en évidence les domaines dans lesquels il est nécessaire de poursuivre la recherche et le développement», explique Mohammad Salimi. «Nous avons montré que la déchloration(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) du PVC(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) en recourant à de l’eau chaude comprimée peut avoir certains avantages. Cependant, il faut également tenir compte de la nature corrosive de ce processus.» Grâce à la HTL, Mohammad Salimi a pu récupérer jusqu’à 35 % des éléments constitutifs du polystyrène. Ce taux est inférieur à celui d’autres procédés de recyclage tels que la pyrolyse, en particulier en mode continu. «Nous voyons ainsi qu’il est possible d’améliorer la technologie HTL en vue de convertir du polystyrène», souligne-t-il.
Transformer les déchets en ressources
Mohammad Salimi est convaincu que la transformation des déchets en ressources peut aider l’Europe à réaliser des progrès impressionnants vers un monde plus durable et plus respectueux de l’environnement. Les projets de laboratoire tels que CATALEPTIC peuvent contribuer à montrer la voie et à convaincre les investisseurs et les décideurs politiques de la faisabilité des technologies de pointe. «Le passage du laboratoire à l’échelle industrielle nécessite un effort concerté, non seulement de la part des scientifiques, mais aussi des différentes parties prenantes», note-t-il. «La prochaine étape logique consisterait à appliquer la technologie de CATALEPTIC à l’échelle semi-pilote. Nous pourrions ainsi obtenir des informations précieuses pour les futurs efforts de transposition à plus grande échelle.» Le projet CATALEPTIC a montré que la technologie HTL peut considérablement contribuer au recyclage des plastiques à l’avenir. Mohammad Salimi souligne que la HTL n’est pas la seule technologie de recyclage prometteuse et qu’elle doit être envisagée comme une partie de la solution. «Nous ne devrions pas considérer la HTL comme une solution magique et autonome, applicable à tous les types de déchets plastiques», précise-t-il. «À l’avenir, nous aurons besoin de toutes sortes de technologies et de méthodes de recyclage.»