La gestion intégrée de la pêche est bénéfique pour les écosystèmes Une meilleure compréhension des conséquences sociales et environnementales plus larges de la pêche industrielle aboutira à des approches plus efficaces de la gestion de nos ressources marines, qui prendront en compte les écosystèmes. Alimentation et Ressources naturelles © Watchares Hansawek, Shutterstock La pêche industrielle a eu un impact important sur les écosystèmes marins. Malgré des décennies de plans de gestion et de réglementations, de nombreuses réserves halieutiques sont toujours surexploitées et les environnements marins continuent de se dégrader. «Les différentes approches de gestion de la pêche prennent rarement en compte les conséquences plus larges de cette activité sur les écosystèmes», explique Silvia de Juan, titulaire d’une bourse de recherche Marie Skłodowska-Curie, rattachée à l’ICM-CSIC, l’Institut des sciences marines, en Espagne, et ayant travaillé sur le projet FishMan. «Pour aller vers un monde plus durable, nous devons approfondir les effets de la pêche sur les écosystèmes et déterminer dans quelle mesure cette incapacité à atteindre les objectifs de durabilité à long terme pourrait affecter la société.» Ces approches écosystémiques consistent notamment à respecter les quotas et à éviter les captures d’individus sous-dimensionnés et d’espèces vulnérables. La politique commune de la pêche de l’UE, telle que modifiée, qui comprend des mesures comme l’interdiction des rejets de plusieurs espèces commerciales, ou obligation de débarquement, et l’amélioration des équipements, a joué un rôle essentiel dans l’évolution de la pêche européenne vers des pratiques plus durables. Comprendre les pratiques de pêche Le projet FishMan, entrepris avec le soutien du programme Actions Marie Skłodowska-Curie, visait à mieux comprendre la mise en œuvre de ces règlements ainsi que l’impact écologique continu de la pêche. Un résultat rendu possible en partie grâce à une analyse des pratiques actuelles de pêche au chalut dans le nord-ouest de la Méditerranée. «Nous avons voulu prendre en compte toutes les composantes de la pêche, des propriétés biophysiques des zones de pêche aux perceptions des pêcheurs», ajoute Silvia de Juan. «L’objectif était d’étudier les conséquences des activités de pêche sous différents angles.» Grâce à ces travaux, Silvia de Juan a pu apporter un nouvel éclairage sur les conséquences de la pêche au chalut dans les écosystèmes méditerranéens. L’accent a été mis sur la perte de certaines des espèces marines les plus vulnérables, ainsi que sur l’impact socio-économique des mesures sur les pêcheries locales. «De petites décisions, comme la pêche dans certains types d’habitats ou le rejet de fractions de prises, peuvent avoir des effets importants sur l’ensemble du système», note Silvia de Juan. «Les conditions écologiques ont des répercussions sur la capacité des pêcheurs à capturer du poisson. Ces effets en cascade doivent être pris en compte dans la formulation des plans de gestion de la pêche.» Évaluer les impacts sur les écosystèmes Un héritage durable du projet FishMan sera son approche holistique de l’évaluation des impacts de la pêche sur les écosystèmes, qui englobe les principaux indicateurs écologiques, sociaux et économiques. Cela permettra, à l’avenir, de prévoir les effets des restrictions sur les activités de pêche avec davantage de précision. L’approche mise au point par le projet FishMan pourrait également aider à identifier des pratiques de pêche alternatives susceptibles de réduire la perturbation des écosystèmes, tout en ayant un impact socio-économique minimal sur les pêcheurs. «Notre cadre a été testé avec succès par une flotte de chalutiers du nord-ouest de la Méditerranée», explique Silvia de Juan. «Nous avons démontré que notre cadre est un outil prometteur pour contrôler la mise en œuvre effective des approches écosystémiques de la gestion de la pêche.» Certaines données du projet doivent encore être traitées et Silvia de Juan espère que ces informations viendront étoffer la perspective sociétale plus large de FishMan sur la pêche durable. «L’intégration de la dimension humaine permettra de garantir que les résultats de nos recherches sont applicables dans des scénarios réels», explique-t-elle. «La prise en compte de la perception des pêcheurs est essentielle si nous voulons progresser efficacement vers une approche fondée sur les écosystèmes.» Mots‑clés FishMan, écosystème, marin, pêche, pêcheurs, écologique, méditerranéen
