Redéfinir la manière dont nous traitons l’osthéoarthrite
On estime que 40 millions d’Européens sont atteints d’osthéoarthrite (OA), une maladie articulaire dégénérative chronique qui entraîne des douleurs, des raideurs et une réduction de la mobilité. Caractérisés par une perte de qualité du cartilage et de l’os dans une articulation, les petits défauts ostéochondraux sont généralement traités à l’aide de médicaments anti-inflammatoires, d’exercices de musculation et de techniques de stimulation de la moelle osseuse. «Malheureusement, à mesure que la maladie progresse, ces traitements perdent leur efficacité, car aucun d’entre eux ne favorise une régénération durable des grands défauts de l’OA», explique Ricardo Donate González, doctorant et ingénieur chimiste à l’Universidad de Las Palmas de Gran Canaria (site web en espagnol). «Par conséquent, de nombreux patients atteints d’OA finissent par devoir recourir à une chirurgie de remplacement de toute l’articulation.» Et s’il existait une option thérapeutique viable pour les cas où l’OA a dépassé le stade du petit défaut? Une solution qui pourrait retarder, voire éviter complètement, la nécessité de procéder à une chirurgie de remplacement de l’ensemble de l’articulation? Découvrez le projet BAMOS, financé par l’UE. Ce projet, qui a reçu le soutien du programme Actions Marie Skłodowska-Curie et a impliqué des chercheurs d’Europe et de Chine, a développé une technologie d’échafaudages innovante et rentable pour une intervention précoce chez les patients atteints d’OA.
Les échafaudages ostéochondraux donnent de bons résultats
Les échafaudages sont des structures en 3D utilisées dans l’ingénierie tissulaire pour favoriser la croissance cellulaire et soutenir la formation de nouveaux tissus. Les chercheurs pensent que les échafaudages mis au point dans le cadre du projet BAMOS pourraient être utilisés pour traiter efficacement les défauts importants observés au stade intermédiaire ou avancé de l’OA. «Notre objectif ultime n’était pas seulement de soulager la douleur des patients atteints d’OA, mais aussi de les garder actifs et, surtout, d’améliorer leur qualité de vie globale», explique Ricardo Donate González. Le projet a mis au point de nouveaux biomatériaux pour la régénération des tissus osseux et cartilagineux. Ces matériaux comprennent des polymères biodégradables, de la céramique, des alliages de titane et des hydrogels d’origine naturelle. Le projet a également développé des procédures innovantes de revêtement bioactif qui ont amélioré la biofonctionnalité des échafaudages. «Grâce à ces matériaux, ainsi qu’à différentes techniques de fabrication additive, notre équipe a produit et testé un certain nombre d’échafaudages ostéochondraux, dont beaucoup ont donné de bons résultats en termes d’intégration et de régénération des tissus», souligne Ricardo Donate González. Parmi les autres résultats clés, citons un échafaudage ostéochondral multi-matériaux à trois couches et deux modèles de bioréacteurs conçus pour améliorer les capacités de test in vitro et ex vivo dans les laboratoires. Toutes les technologies du projet ont fait l’objet d’une évaluation préclinique complète et sont désormais prêtes à démarrer les essais cliniques.
Établir des partenariats solides
Outre ses réalisations techniques, le projet a également réussi à établir des partenariats solides entre les institutions de recherche et entre les pays. «L’un des objectifs spécifiques du projet était de former des chercheurs en début de carrière et de les doter des connaissances et de l’expertise avancées nécessaires pour relever certains des plus grands défis actuels dans le domaine des soins de santé», explique Ricardo Donate González. «Nos résultats scientifiques prouvent que nous avons également réussi sur ce plan.» Les chercheurs sont actuellement en train de breveter le bioréacteur BAMOS et de solliciter des possibilités de financement supplémentaires afin de poursuivre le développement des solutions d’échafaudages du projet. «Je suis convaincu que les résultats de notre projet, ainsi que les chercheurs que nous avons contribué à former, continueront à faire progresser notre technologie d’échafaudages et redéfiniront la manière dont nous traiterons l’osthéoarthrite à l’avenir», conclut Ricardo Donate González.
Mots‑clés
BAMOS, osthéoarthrite, maladie articulaire, technologie d’échafaudages, chirurgie de remplacement des articulations, ingénierie tissulaire, biomatériaux, fabrication additive, chercheurs en début de carrière