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Neanderthal and Modern Human Adaptations in Eastern Europe

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Révéler les migrations qui caractérisent l'histoire des populations européennes

Le projet NEMO-ADAP financé par l'UE remet en question nos idées concernant le remplacement de l'homme de Neandertal par l'homme moderne, il nous fournit par la même occasion de nouvelles perspectives quant à la résilience des humains confrontés au changement climatique.

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En matière de recherche paléoanthropologique, le remplacement de Neandertal par l'homme moderne et le passage du paléolithique moyen au paléolithique supérieur sont deux des thématiques les plus âprement discutées. Aucun consensus n'a encore été trouvé quant à leur synchronisation, leur échelle voire leur séquence. De plus, la plupart des recherches ont été réalisées dans les régions d'Europe occidentale, méridionale ou centrale. Pour répondre à certaines de ces questions et dépasser ces limites, le projet NEMO-ADAP, financé par l'UE, a axé ses recherches sur cette transition entre la fin du paléolithique moyen et le début du paléolithique supérieur dans les régions d'Ukraine et de Russie. Le projet devait permettre de répondre à certaines questions essentielles concernant l'adaptation comportementale et culturelle qui a permis à l'homme moderne de coloniser toute l'Europe; savoir si cette adaptation est spécifique de l'homme moderne et mieux connaître les conditions climatiques régnant pendant cette période de dispersion. Mise à jour de nouveaux matériaux et génération de nouvelles données Les partenaires du projet NEMO-ADAP ont choisi pour leur étude de cas, les régions d'Ukraine et de Russie parce que, comme nous l'explique le coordinateur du projet, le Dr. Philip R Nigst, «elles se caractérisent par de longues séquences lœssiques d'une très grande résolution paléoclimatique qui nous fournissent le contexte climatique dans lequel il est possible de situer les activités de l'homme de Neandertal et de l'homme moderne». Par ailleurs, des ossements concernant les deux espèces ont déjà été retrouvés sur les sites choisis. L'approche des partenaires du projet était fortement interdisciplinaire, elle faisait appel à des spécialistes appartenant à de nombreux domaines scientifiques comme l'archéologie et l'anthropologie mais aussi la géologie, la climatologie, la minéralogie, les études de datation (radiocarbone) ou la génétique, offrant ce que le Dr. Nigst désigne comme «un modèle pour d'autres projets similaires». Même si des recherches interdisciplinaires avaient déjà été réalisées, elles s'étaient limitées à quelques emplacements et surtout, avaient exploité une large palette de méthodologies qui, comme l'explique le Dr. Nigst, «conduisent à l'obtention de vastes ensembles de données de qualité et de résolution très variables». L'équipe du projet a ainsi mené plusieurs recherches pour trouver de nouveaux sites en s'appuyant sur l'occurrence d'outils et de fragments osseux le long des versants de vallée. Une fois ces sites identifiés, les chercheurs ont créé une section verticale pour étudier la succession de dépôts et rassembler les échantillons retraçant le comportement tant de l'homme de Neandertal que celui de l'homme moderne, évaluer l'âge des artefacts et reconstruire le changement environnemental et climatique passé. L'équipe a ainsi fait un certain nombre de découvertes étonnantes. Ils ont par exemple constaté que l'homme moderne et donc les technologies du paléolithique supérieur sont apparus en Europe de l'Est près de 2 000 ans plus tôt que ce que l'on pensait auparavant. Comme le développe le Dr. Nigst, «Cela signifie qu'il existe une période de temps assez étendue pendant laquelle les populations de l'homme de Neandertal et de l'homme moderne ont pu cohabiter dans ces régions à l'Est de l'Europe». Les analyses génétiques et celles de la population montrent également que l'Europe de l'Est a probablement été colonisée par ce que l'équipe appelle des «mouvements de dispersion, rapides et directionnels». Le projet a également apporté la preuve d'une présence de l'homme moderne et de l'homme de Neandertal pendant les phases climatiques les plus froides et les plus arides, alors que l'on cantonnait jusqu'à présent cette présence uniquement aux périodes climatiques les plus chaudes. Cette découverte suggère une résilience des deux espèces au changement climatique, bien qu'il soit peu probable qu'elles aient employé les mêmes stratégies de survie. Une Europe caractérisée depuis longtemps par les migrations Par cette meilleure compréhension de la dynamique des mouvements de population, de leur dispersion et de leur mélange, ces recherches ont des implications importantes quant à notre appréciation de la formation d'une identité européenne par son héritage génétique et culturel. Comme le développe le Dr. Nigst, «elles soulignent que la diversité est la clé de notre survie et de notre prospérité, une notion particulièrement importante à la lumière des migrations croissantes auxquels nous assistons en direction et au sein de l'Europe. Cette étude ouvre par ailleurs de nouvelles perspectives quant à la réponse de l'espèce humaine confrontée aux changements climatiques, et une meilleure connaissance comparative sur la manière dont des espèces qui nous sont proches (comme Neandertal) s'en sont sorties dans des circonstances similaires. Cette connaissance même si elle semble ici spécifique du continent européen, a de nombreuses ramifications pour les nombreuses cultures de la planète. Ayant généré ce nouvel ensemble de données de grande résolution, les résultats du projet NEMO-ADAP seront maintenant comparés à ceux d'Europe centrale obtenus lors d'un précédent projet et avec les modèles existants décrivant la phase de transition entre l'homme de Neandertal et l'homme moderne élaborés par d'autres équipes de recherche dans différentes parties d'Europe et d'Asie Occidentale.

Mots‑clés

NEMO-ADAP, remplacement de l'homme de Neandertal, homme moderne, transition du paléolithique moyen au paléolithique supérieur, migration, résilience au changement climatique, dispersion des populations

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