Incendies, astéroïdes et agents chimiques: de nouveaux outils pour renforcer notre sécurité
Il s’agit d’une transcription de l’IA.
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Abigail Acton
C’est CORDIScovery. Bonjour et bienvenue dans cet épisode de CORDIScovery en ma compagnie, Abigail Acton. Nous vivons dans un paysage dynamique de menaces, mais l’IA, la pensée innovante et le financement de la recherche permettent d’identifier certains des risques et les moyens d’y remédier. Mieux comprendre les astéroïdes pour améliorer nos systèmes de défense planétaire.
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Abigail Acton
Déterminer ce qui contribue aux méga-incendies, améliorer nos évaluations des risques et développer des capteurs précis et de petite taille capables de détecter et d’identifier les risques chimiques liquides à de faibles concentrations. Les invités d’aujourd’hui ont utilisé les fonds de recherche de l’UE pour développer des approches innovantes dans le but d’améliorer la sécurité. Nous recevons aujourd’hui Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur à Nice.
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Abigail Acton
Il participe à des missions spatiales vers des astéroïdes à des fins scientifiques et de défense de la planète. Il est le chercheur principal de la mission Hera de l’Agence spatiale européenne, qui contribue au premier test de déviation d’astéroïde dans le cadre de la mission Dart de la NASA. Bienvenue, Patrick.
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Patrick Michel
Bonjour. Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui.
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Abigail Acton
Nous sommes ravis de vous recevoir. Emilio Chuvieco est professeur de géographie, directeur de la chaire d’éthique environnementale à l’université d’Alcalá en Espagne, et membre élu de l’Académie espagnole des sciences. Il s’intéresse principalement à l’utilisation des données d’observation de la Terre pour la surveillance des problèmes environnementaux, en particulier les incendies de forêt. Bienvenue, Emilio.
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Emilio Chuvieco
Bonjour. Merci. Abigail. Ravi d’être avec vous.
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Abigail Acton
Oui.
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Abigail Acton
C’est un plaisir de vous recevoir. Tomas Rindzevicius est chercheur principal au département des technologies de la santé de l’université technique du Danemark. Il concentre ses recherches sur l’utilisation de nanomatériaux pour les applications de détection qui peuvent identifier des traces d’explosifs, de produits chimiques industriels toxiques, ainsi que d’agents de guerre chimique. Bienvenue, Tomas.
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Tomas Rindzevicius
Bonjour. Je suis ravi d’être ici.
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Abigail Acton
Merci d’être là. Patrick, je vais d’abord m’adresser à vous. Que ce soit pour la défense planétaire ou les missions d’exploitation des ressources, nous devons mieux appréhender la nature des astéroïdes, et c’est là qu’intervient le projet NEO-MAPP. Lorsque nous évoquons les astéroïdes, nous pensons aux défenses planétaires et aux conséquences d’un impact comme celui qui a causé l’extinction des dinosaures. Mais la recherche en cours couvre d’autres dimensions.
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Abigail Acton
Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à étudier ces petits corps, que l’on espère lointains?
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Patrick Michel
Oui, absolument. En fait, les astéroïdes sont fascinants à plus d’un titre. Tout d’abord, il s’agit des restes des briques qui forment les planètes. Ils sont principalement situés entre Mars et Jupiter, dans une ceinture appelée la ceinture d’astéroïdes. Et contrairement aux planètes, qui sont grandes, elles sont très petites. Dans une planète, le matériau a été transformé chimiquement parce qu’il a été chauffé.
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Patrick Michel
Un peu comme lorsque nous rassemblons des ingrédients dans un bol et que nous les cuisons pour faire un gâteau. Et les astéroïdes sont suffisamment petits pour rappeler la composition originale des éléments qui ont formé la planète. Ils constituent donc le meilleur traceur du système solaire de l’histoire. Ils pourraient même avoir contribué à l’apparition de la vie sur Terre. Ils sont également fascinants parce qu’ils sont, pour la plupart, très petits et leur gravité est donc très faible.
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Patrick Michel
Leur comportement est donc très différent de celui des matériaux que l’on trouve sur Terre qui sont soumis à la forte gravité terrestre. Il s’agit là d’un véritable défi. Et vous le savez, j’aime les défis. C’est pourquoi je les étudie. Nous devons les étudier car il s’agit d’un moyen de mieux comprendre comment nous pourrions prévenir l’impact d’un astéroïde. Si nous voulons dévier un astéroïde, nous devons comprendre sa réaction à l’impact et faire évoluer notre connaissance de l’histoire du système solaire.
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Patrick Michel
Le défi consiste à comprendre comment ils répondent à une action extérieure. Les précédentes missions nous ont révélé leur incroyable diversité. Chaque fois que nous avons observé l’image d’un nouvel astéroïde, nous avons été surpris parce qu’ils ne sont pas du tout ce à quoi nous nous attendions, preuve que nous ne les comprenons pas encore très bien, et tel est le défi que nous devons relever: comment mieux comprendre la manière dont ils réagissent à une action extérieure afin de la dévier, ou simplement comprendre leur comportement.
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Patrick Michel
Encore une fois, il s'agit du processus qu’ils ont connu tout au long de leur vie.
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Abigail Acton
Oui, c’est merveilleux. Merci. Très bonne explication. Et bien entendu, leur composition est également fascinante. Super. Tout d’abord, vous pourriez peut-être nous dire pourquoi le projet a été baptisé NEO-MAPP. Voyons cela et ensuite, peut-être pourriez-vous nous dire ce que le projet a entrepris pour mieux comprendre le caractère, la nature, le mouvement et la réponse aux stimuli externes des astéroïdes?
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Patrick Michel
Oui. Notre projet s’appelle NEO-MAPP (Near Earth Object Modelling and Payloads for Protection), car il porte sur deux domaines. L’un d’entre eux consiste à faire considérablement progresser nos capacités, notamment pour mieux modéliser la façon dont elles réagissent à un impact, par exemple, ou à une autre action extérieure. L’autre domaine est le développement d’une technologie et d’un outil d’analyse des données pour les missions spatiales vers les astéroïdes, de sorte que nous puissions mieux analyser les données.
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Patrick Michel
Ils apportent de précieuses connaissances et contribuent également à valider les modèles numériques à l’échelle réelle. L’un des défis, par exemple, était de comprendre leur réponse à un impact, car en 2019, juste avant le début du projet, une mission japonaise appelée Hayabusa2 a impacté un astéroïde. Et le cratère que cet impact a produit s’est révélé beaucoup plus grand que ce qu’avaient prédit nos modèles d’impact.
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Abigail Acton
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres? Oui, par exemple, lorsqu’on parle d’un petit impact qui crée un grand cratère, je connais déjà la réponse, et je sais que les auditeurs vont l’adorer. Allez-y, dites-nous.
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Patrick Michel
Oui, absolument. En fait, il s’agissait d’un projectile de deux kilogrammes lancé à deux kilomètres par seconde, et nous nous attendions à un cratère de deux mètres. L’intérieur du cratère faisait près de 20 mètres. Soit dix fois plus. Nous nous sommes donc complètement fourvoyés. Et c’est là que nous avons réalisé que nos modèles ne sont pas capables de capturer correctement un processus sous les faibles conditions de gravité d’un astéroïde.
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Patrick Michel
Vous savez, lorsque vous créez un cratère sur Terre, l’événement prend environ quelques secondes à se produire. Dans un contexte de faible gravité, tout est plus lent, ce qui signifie que lorsque vous créez un cratère, son développement peut prendre plusieurs minutes voire des heures. Il est très difficile de tenir compte de ce paramètre dans un modèle numérique. Et donc, grâce à ce projet, nous avons pu développer de nouvelles approches pour résoudre ce problème.
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Patrick Michel
Et nous avons finalement pu reproduire le cratère. Un autre objectif consistait à développer une technologie qui nous permette d’atterrir sur un astéroïde plus petit, parce que, vous savez, ils sont vraiment très petits. Leur attraction est très faible. Si vous approchez trop vite, vous risquez de rebondir et de partir comme sur un astéroïde. Si je m’agite sur ma chaise lorsque je vous parle, je suis déjà en orbite.
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Patrick Michel
Oui, oui, oui. Parce que leur masse est faible. L’attraction est donc faible.
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Abigail Acton
Rien ne vous retient.
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Patrick Michel
Exactement. Nous devons donc développer des technologies pour descendre lentement et nous assurer que nous restons sur la surface. Et tout cela est très complexe. Et c’est passionnant parce que nous avons un projet, où diverses communautés travaillent ensemble. Des ingénieurs de divers secteurs et des scientifiques. Et vous savez, c’est toujours une bonne chose de travailler ensemble.
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Abigail Acton
Oui,cela ressemble à un excellent melting-pot. Je me souviens qu’au cours d’une précédente conversation, vous aviez mentionné que les images d’un astéroïde semblaient trompeuses, laissant penser que certaines caractéristiques étaient complètement différentes en réalité. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Parce que j’adore cette histoire.
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Patrick Michel
Oui. En fait, les ingénieurs doivent partir d’hypothèses pour définir leur stratégie lorsqu’ils atteignent un astéroïde. En fait, nous ne savons pas grand-chose sur ces astéroïdes, car depuis la Terre, nous ne recevons qu’une très faible lumière provenant de leur surface. Ainsi, par exemple, lors des missions précédentes comme Hayabusa2 de l’agence japonaise et OSIRIS-REx de la NASA, nous avons dit aux ingénieurs: vous savez, lorsque nous atterrirons sur l’astéroïde cible, ne vous inquiétez pas, nous disposerons de vastes zones sans frontières.
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Patrick Michel
Et en fait, lorsque nous sommes arrivés, il y avait des rochers partout. Ce qui est amusant, c’est que dans ce cas, les scientifiques aiment avoir tort. Nous sommes toujours content, car lorsque nous nous trompons, cela signifie que nous avons de nouveaux défis à relever. Et lorsque nous avons raison, que nous prévisions étaient correctes, pas vrai?
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Abigail Acton
Oui. Une victoire totale.
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Patrick Michel
Exactement. Mais les ingénieurs nous ont dit: «Hé, les gars, votre hypothèse est erronée. Comment allons-nous atterrir avec autant de rochers?» C’est intéressant parce qu’ils doivent être très flexibles et capables de revoir entièrement leur stratégie lorsqu’ils arrivent dans ces nouveaux mondes, parce qu’à chaque fois, c’est une surprise.
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Abigail Acton
En temps réel. Oui. Et qu’avez-vous trouvé avec les rochers?
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Patrick Michel
Nous avons constaté qu’il n’y avait pratiquement aucune zone d’atterrissage de plus de dix mètres de large. Or nous pensions qu’il y aurait des espaces de 50 mètres. Imaginez donc qu’ils ont dû commander le vaisseau spatial à 300 000 000 km de la Terre, soit 1 000 fois la distance entre la Terre et la Lune, pour le faire atterrir dans un espace de dix mètres, ce qui est absolument incroyable.
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Abigail Acton
Oui. Non, c’est absolument stupéfiant. Et je vais vous voler votre chute. Si je me souviens bien, les rochers n’étaient pas des rochers.
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Patrick Michel
Oui, exactement. Le problème est que la réponse de ces corps à une action extérieure ne peut pas être prédite correctement, jusqu’à présent, uniquement par des images, parce que ces missions, nous ont maintenu environ deux ans autour d’un astéroïde. Nous avons beaucoup d’images, nous voyons beaucoup de rochers. Et pourtant, lorsque nous les touchons, nous ne voyons aucune réaction. Un peu comme si nous impactions un fluide ou que nous frappions du vide.
00:09:50:22 - 00:09:52:02
Abigail Acton
Ou comme de la brume.
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Patrick Michel
Exactement. Comme de la brume. Exactement. Et cela, nous ne pouvions vraiment pas le prévoir à partir d’images. La conclusion et les enseignements tirés sont donc que, du moins pour l’instant, nous avons besoin d’une interaction directe pour déterminer la réponse mécanique d’un astéroïde, ce qui est très important pour la déflexion, en l’occurrence.
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Abigail Acton
Si nous en avons besoin pour protéger la planète.
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Patrick Michel
Absolument.
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Abigail Acton
Merveilleux. C’est vraiment fascinant. Merci beaucoup de nous l’avoir expliqué si clairement. Et comment certaines des innovations et des conclusions de votre projet vont-elles être appliquées dans le cadre de prochaines missions? Patrick.
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Patrick Michel
En fait, nous avons beaucoup de chance car nous avons pu immédiatement appliquer ce que nous avons fait dans ce projet pour la mission DART qui a percuté un astéroïde. Et maintenant, l’Agence spatiale européenne a lancé la mission HERA, qui atteindra à nouveau cet astéroïde en 2026. Et tous les outils que nous avons développés, et certains instruments, sont embarqués dans cette mission.
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Patrick Michel
Nous sommes donc vraiment en passe de les utiliser. Ainsi, Mars a été récemment survolée, le 12 mars, et toutes les données obtenues à partir des images de Mars et de sa lune, Deimos, seront exploitées à l’aide de nos outils d’analyse. Une autre mission est en cours de développement grâce à ce projet, la mission RAMSES, toujours à l’Agence spatiale européenne, le programme de sécurité spatiale qui vise l’astéroïde Apophis, qui s’approchera très près de la Terre, sans aucun danger, mais il s’agit une grande opportunité.
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Patrick Michel
Le vendredi 13 avril 2029. Et nous allons nous y rendre.
00:11:21:18 - 00:11:36:06
Abigail Acton
Charmant vendredi 13. Oui, oui, oui. Eh bien, nous retiendrons ce que vous venez de dire, à savoir qu’il n’y a aucun danger. J’en suis certain, tous les calculs l’indiquent. Merci beaucoup, Patrick. Vous nous avez magnifiquement expliqué tout cela. Merveilleux. Quelqu’un a-t-il des questions pour Patrick? Oui. Tomas.
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Tomas Rindzevicius
Oui. Merci. Je suis donc en dehors du domaine, Patrick. Et je suis désolé si je suis trop simpliste. Je suis simplement curieux de savoir si nous disposons aujourd’hui d’une technologie ou d’un système viable pour dévier les astéroïdes.
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Patrick Michel
Oui, absolument. Nous disposons de la technologie qui a été démontrée en situation réelle avec la mission DART, qui a montré que nous sommes capables d’envoyer un vaisseau spatial à une vitesse très élevée, 60 km par seconde, sur un astéroïde dont nous ne connaissons au départ que la taille et même pas la forme, de manière autonome, pour le percuter. Et cela a été un succès.
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Patrick Michel
Le vaisseau spatial Dart, 580 kg, a percuté à six kilomètres par seconde un très petit astéroïde, d’une taille de 150 mètres seulement, avec succès. L’objectif de la mission Hera est d’être une sorte de détective qui retourne sur les lieux de l’impact pour nous dire ce qui s’est exactement passé, mais une chose est certaine, la technologie permettant d’impacter un astéroïde à grande vitesse a fait ses preuves.
00:12:35:22 - 00:12:49:16
Patrick Michel
Bien entendu, nous devons développer d’autres technologies, car une technique peut se révéler efficace dans certains cas. Et d’autres techniques peuvent être plus efficaces dans d’autres cas. Ce n’est donc qu’une première étape. Mais c’est déjà formidable que le premier test a été un succès.
00:12:49:18 - 00:13:14:22
Abigail Acton
Oui. C’est merveilleux. Un peu comme des boules de billard cosmiques. Un snooker cosmique. Excellent. Je suis toujours étonnée par tant de précision. Je trouve cela tout simplement phénoménal. Moi qui ai du mal à rentrer en marche arrière dans un garage, je suis vraiment impressionnée par la précision. Bien, je vais maintenant m’adresser à Emilio. Emilio, les incendies de forêt ont fait la une de l’actualité ces derniers temps, et leur fréquence risque d’augmenter compte tenu des changements de l’utilisation des sols et du climat.
00:13:14:24 - 00:13:35:06
Abigail Acton
Le projet FirEUrisk a rassemblé des chercheurs, des planificateurs et des intervenants afin de trouver un moyen d’évaluer et de gérer le risque de méga-incendies. Nous savons que le changement climatique va générer des phénomènes météorologiques plus extrêmes. Pouvez-vous nous dire ce que les experts pensent du risque de ce que vous appelez les méga-incendies à l’avenir, s’il vous plaît Emilio?
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Emilio Chuvieco
Oui, nous avons observé ces dernières années que la superficie totale des zones d’incendies n’augmente pas au niveau mondial, mais que les incendies extrêmes augmentent, et c’est évidemment lié aux changements climatiques et socio-économiques que nous observons, en particulier les facteurs qui entraînent un comportement extrême des incendies et des vagues de chaleur, des vents forts, une végétation très sèche, et c’est pourquoi nous constatons des accidents.
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Emilio Chuvieco
Je veux dire des aspects considérés comme très important en termes d’impact social et écologique.
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Abigail Acton
Oui. Et je veux dire que nous pouvons clairement comprendre l’impact du climat. Lorsque vous parlez de facteurs socio-économiques, qu’est-ce que vous considérez en matière de risque?
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Emilio Chuvieco
Les changements observés dans l’utilisation des terres, en particulier dans les zones rurales, ont un impact important sur les incendies, car ces zones étaient généralement habitées et exploitées, par exemple, pour le pâturage extensif. Aujourd’hui, la population y vieillit. On observe un fort abandon de ces régions, en particulier en Europe, ce qui rend les paysages plus homogènes.
00:14:49:00 - 00:14:54:07
Emilio Chuvieco
Et chaque fois qu’un incendie se déclare, il se propage de manière beaucoup plus continue que par le passé.
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Abigail Acton
Oh oui. C’est intéressant. C’est vrai. D’accord. Oui. Je ne pensais pas à cela lorsque nous avons évoqué l’utilisation des sols. J’imaginais autre chose, mais je vois ce que vous voulez dire. Les gens n’exploitent plus les ressources naturelles comme ils le faisaient auparavant et cela change la physionomie du paysage. Oui, je vous comprends. Super. D’accord, mais quel était l’objectif de FirEUrisk?
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Emilio Chuvieco
Nous avons un très large consortium d’experts très variés venant de différents pays. Nous voulons analyser le risque d’incendie de manière intégrée, en tenant compte non seulement des données météorologiques, qui sont les plus courantes dans les systèmes d’évaluation du risque d’incendie, mais aussi d’autres aspects liés à la végétation, comme je l’ai dit, aux caractéristiques, mais aussi aux activités humaines, à l’écologie, aux valeurs, aux écosystèmes, aux services, à la préparation de la population aux incendies.
00:15:42:15 - 00:16:08:08
Emilio Chuvieco
Nous entendons développer une analyse globale ou intégrée des conditions de risque d’incendie dans différentes régions d’Europe. Habituellement, les incendies étaient surtout un problème de la région méditerranéenne, mais aujourd’hui, nous observons des cas d’incendie en Europe centrale et en Europe du Nord. Nous cherchons également à mieux comprendre comment évolueront les tendances d’incendies à l’avenir, en tenant compte, là encore, des changements climatiques et socio-économiques.
00:16:08:13 - 00:16:17:24
Abigail Acton
Formidable, excellent. Et je sais que vous avez également utilisé des données d’observation de la Terre pour disposer de perspectives plus claires. Que révèlent ces données d’observation? À quoi cela servent-elles?
00:16:18:01 - 00:16:48:24
Emilio Chuvieco
Oui, en effet, il s’agit de ma principale spécialité. Mais notre travail consiste à mener une observation périodique de l’état des combustibles, en termes d’abondance des combustibles, c’est-à-dire la quantité de végétation qui peut être brûlée, mais aussi en terme de taux d’humidité, qui est très important en matière de probabilité et de comportement du feu. Nous utilisons également des données satellitaires pour améliorer, disons pour mettre à jour, nos cartes actuelles des interfaces entre les zones urbaines et les zones sauvages.
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Emilio Chuvieco
Je veux dire que ce sont facteurs les plus importants en termes de risque d’incendie.
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Abigail Acton
Merveilleux. D’accord. Lorsque vous parlez de l’abondance de combustibles, je comprends que l’imagerie satellitaire permet de voir ce qui y pousse. Mais qu’entendez-vous par taux d’humidité? Comment l’imagerie satellitaire vous renseigne-t-elle sur le taux d’humidité de ces plantes? En bas. Sur terre?
00:17:04:22 - 00:17:22:07
Emilio Chuvieco
Oui, l’eau absorbe une partie du rayonnement électromagnétique provenant du soleil. Le contraste thermique entre la température de l’air et celle de la surface est un indicateur du taux d'humidité de l’air et du stress hydrique.
00:17:22:12 - 00:17:43:03
Abigail Acton
Oui. Vous pouvez donc voir où la végétation s’assèche et devient donc plus sensible. C’est tout simplement merveilleux. Voici donc le type de données que vous avez recueillies et les personnes qui y ont participé, mais quels outils avez-vous développés? Avez-vous développé quoi que ce soit qui puisse être utile pour assurer la sécurité des personnes et analyser le risque d’incendies potentiels?
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Emilio Chuvieco
Oui, nous l’espérons. Bien sûr.
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Abigail Acton
Oui.
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Emilio Chuvieco
Oui. Très intéressant pour aider la société à réduire les problèmes d’incendie. Il ne faut pas oublier que nous avons connu des incendies extrêmes l’année dernière, qui ont fait de nombreuses victimes. Récemment, en Californie, à Hawaï, au Chili, etc. plus d’une centaine de personnes sont mortes à la suite d’incendies. Nous voulons donc développer une approche plus globale et intégrée du risque, du risque d’incendie, en tenant compte de différentes conditions qui ne sont pas très souvent prises en considération dans les systèmes actuels d’évaluation des incendies, en particulier l’aspect de la vulnérabilité et l’exposition humaines.
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Emilio Chuvieco
Nous cherchons également à mieux comprendre comment ces incendies extrêmes se propagent et comment nous mieux sensibiliser la population aux risques liés aux incendies. Je pense qu’il est important de savoir que dans de nombreuses zones sujettes aux incendies, les habitants ne savent pas trop quoi faire en cas d’incendie. Je me souviens avoir visité le Japon il y a quelques années et là-bas tout le monde sait ce qu’il faut faire en cas de tremblement de terre, mais ce n’est pas le cas dans les régions méditerranéennes sujettes aux incendies.
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Emilio Chuvieco
C’est une partie du problème.
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Abigail Acton
N’est-ce pas?
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Emilio Chuvieco
Par exemple, en 2017, plus de 60 personnes sont mortes en tentant d’échapper à un incendie. S’ils étaient restés où ils étaient, il y aurait probablement eu beaucoup moins de victimes. Je pense donc que nous devons continuer à informer la population concernant la manière de réagir.
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Abigail Acton
C’est vrai. Est-ce que vous avez développé des outils d’alerte précoce ou des mécanismes d’assistance pour ceux qui doivent peut-être procéder à des évacuations, ou d’autres outils?
00:19:17:19 - 00:19:51:22
Emilio Chuvieco
Comme je l’ai dit, la plupart des systèmes actuels sont basés sur des données météorologiques, qui sont évidemment très importantes en termes d’incendie, en particulier avec les modèles d’humidité et de température. Nous avons donc ajouté à ces aspects d’autres aspects sociaux, des services écosystémiques écologiques, etc., nous avons donc une évaluation du risque plus complète qui permette de définir des critères plus objectifs pour la gestion des incendies.
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Emilio Chuvieco
Et nous avons mis davantage l’accent sur la prévention que sur la lutte acive, qui domine traditionnellement le système opérationnel de gestion des risques d’incendie.
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Abigail Acton
Je sais que vous avez également envisagé une sorte d’utilisation traditionnelle des terres. Et bien sûr, les incendies ont toujours fait partie du paysage. J’aime donc l’idée que vous ne vous concentrez pas tant sur la suppression que sur la gestion des risques, n’est-ce pas?
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Emilio Chuvieco
Exactement, oui. En fait, le feu est un phénomène naturel auquel s’est adaptée une grande partie de la végétation. Je pense que nous devons vivre avec les incendies et essayer de les utiliser de manière plus intelligente, en évitant les impacts négatifs, mais sans pour autant les supprimer complètement, parce qu’en fin de compte, lorsque vous supprimez plus d’incendies, vous en créez de plus grands, sur une période plus longue.
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Emilio Chuvieco
Ils pourraient donc devenir plus extrêmes qu’auparavant.
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Abigail Acton
D’accord. C’est excellent. Merci. C’était très clair. D’accord. Super. Il s’agit donc d’une meilleure image, plus large et plus précise, qui donne aux personnes chargées d’assurer la sécurité des citoyens une idée plus claire des risques et de la manière de réagir si la situation évolue. Super. Merci beaucoup. Quelqu’un a-t-il des questions? Oui.
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Abigail Acton
Patrick, je vous en prie.
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Patrick Michel
Ceic est très intéressant. J’aimerais poser une question. Vous examinez donc les conditions susceptibles de déclencher un incendie, mais les incendies sont-ils principalement volontaires ou accidentels?
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Emilio Chuvieco
Les deux, en fait. Je pense que les aspects humains sont très importants tant dans la lutte contre le déclenchement des incendies que dans celle de leur propagation. Nous, les humains, sommes un facteur d’occurrence des incendies, mais sommes aussi affectés par les incendies, bien sûr. En Europe, par exemple, je dirais que 90 % des incendies sont d’origine humaine, mais la foudre est également un facteur important. La foudre est parfois à l’origine d’incendies plus importants parce qu’ils se produisent dans des endroits éloignés.
00:21:36:17 - 00:22:05:15
Emilio Chuvieco
Mais les incendies d’origine humaine sont également un aspect très important. Il ne s’agit pas seulement d’incendies criminels, mais surtout d’accidents et de feux allumés pour gérer la végétation ou les pâturages, et qui deviennent incontrôlables et se transforment en événements de grande ampleur. Il existe donc une grande diversité de facteurs liés aux incendies. Et je pense qu’une analyse sociologique des incendies, c’est aussi quelque chose qui n’a pas été suffisamment exploré jusqu’à présent.
00:22:05:16 - 00:22:30:13
Abigail Acton
Et c’est précisément ce que votre projet est en train de changer. Vous examinez des facteurs qui vont au-delà des conditions météorologiques. C’est exact. Super. Hé bien, merci de l’avoir expliqué si clairement. Et on voit bien votre travail est nécessaire, parce que je ne pense pas que la situation va s’améliorer. Merci. Tomas, à vous maintenant Tout d’abord, la détection et l’identification sans équivoque des risques chimiques à de faibles concentrations en phase gazeuse et liquide dans différents types d’environnement.
00:22:30:15 - 00:22:47:02
Abigail Acton
Le projet SERSing a développé un dispositif destiné à aider les premiers intervenants à faire face aux menaces chimiques. Alors Tomas, pouvez-vous nous parler de la spectroscopie Raman exaltée de surface? Spectroscopie? Je l’ai fait la deuxième fois. Qu’est-ce que c’est et comment cela fonctionne-t-il?
00:22:47:04 - 00:23:12:09
Tomas Rindzevicius
Oui. D’accord. On va peut-être commencer par découper en plusieurs parties le terme spectroscopie Raman exaltée de surface pour plus de simplicité. Bon, commençons par la spectroscopie Raman. Beaucoup de gens en ont déjà entendu parler. La spectroscopie Raman est une technique analytique bien connue, et assez ancienne, qui est essentiellement utilisée pour caractériser et identifier un matériau inconnu. Bon.
00:23:12:09 - 00:23:35:20
Tomas Rindzevicius
C’est pourquoi elle est si utile en médecine légale, en science des matériaux et, en fait, dans de très nombreuses disciplines.En gros, vous avez un laser, vous l’utilisez pour éclairer, comme dans notre cas, des molécules inconnues, et celles-ci diffusent la lumière. Et les molécules sont un peu comme nous, en ce sens que nous avons des empreintes digitales qui nous identifient.
00:23:35:22 - 00:23:55:23
Tomas Rindzevicius
Les molécules ont ce que l’on appelle une empreinte spectrale de vibration. C’est ainsi que nous identifions la molécule. Donc, si je prends par exemple un comprimé d’aspirine, je peux utiliser un spectromètre Raman pour vérifier qu’il s’agit bien d’aspirine. Je viens de regarder ses empreintes spectrales et je peux confirmer qu’il s’agit bien d’aspirine.
00:23:56:00 - 00:24:18:19
Tomas Rindzevicius
Ce n’est pas du paracétamol ou un autre composé. Bon. Il s’agit donc de ce que fait la spectroscopie. Imaginons maintenant une situation un peu plus compliquée. Imaginons donc que je prenne un verre d’eau et que je prenne de l’exemple précédent une toute petite quantité d’aspirine. Et je l’ajoute à ce verre d’eau. L’aspirine s’y dissout.
00:24:18:19 - 00:24:38:08
Tomas Rindzevicius
L’aspirine est maintenant présente à l’état de traces. Maintenant, si je prends un spectromètre Raman pour analyser le contenu de ce verre, il me dira qu’il voit de l’eau. En est-il sûr? J’y ai ajouté une petite quantité d’aspirine. Oui, il ne voit que de l’eau. Il s’agit là d’une limitation du spectromètre.
00:24:38:10 - 00:25:00:17
Tomas Rindzevicius
C’est là qu’intervient la partie «exaltée en surface». C’est là que nous utilisons la surface, comme dans le nom. Pour amplifier le signal Raman. Il s’agit en quelque sorte d’une augmentation de plusieurs ordres de grandeur. C’est là que nous pouvons en quelque sorte, écarter le rideau formé par l’eau et regarder, examiner profondément, pour voir ce qui s’y cache.
00:25:00:21 - 00:25:08:07
Tomas Rindzevicius
Et voilà. La spectroscopie Raman est donc améliorée. Nous sommes donc en mesure de détecter des traces d’un composé.
00:25:08:10 - 00:25:21:18
Abigail Acton
Oui, c’est très bien expliqué. Merci beaucoup. Excellente explication. Qu’avez-vous ressenti en réalisant à quel point le facteur d’amplification était puissant et que de quantités infimes, vraiment minuscules devenaient visibles? Cela a dû être un moment vraiment excitant, non?
00:25:21:24 - 00:25:42:19
Tomas Rindzevicius
Oui,absolument, vous savez, nous sommes toujours très excités de pouvoir détecter des quantités aussi faibles que possible, même si, au cours du projet, nous nous sommes rendu compte que les échantillons réels, pas juste un verre d’eau et un peu d’aspirine, étaient bien plus complexes. Imaginez un verre de vin.
00:25:42:21 - 00:26:08:22
Tomas Rindzevicius
Nous avons maintenant un grand nombre de types de molécules différentes. Et si vous effectuez une mesure, chaque molécule envoie sa propre empreinte digitale. Vous vous retrouvez submergé par un flot d’empreintes. C’est là que l’IA entre en jeu. Vous savez, nous sommes étonnamment capables d’entraîner l’IA à trier très rapidement ces empreintes et à les regrouper, et nous pouvons lui dire ce que nous voulons trouver.
00:26:08:22 - 00:26:14:11
Tomas Rindzevicius
Et l’IA nous aidera à repérer rapidement les molécules que nous voulons trouver.
00:26:14:13 - 00:26:34:18
Abigail Acton
C’est brillant. Toute cette puissance! Et ce que je trouve passionnant dans votre projet, c’est que vous avez réussi à développer un petit appareil, léger, très compact, qui peut être manipulé par le personnel de première intervention. Toute cette puissance dans un petit appareil si compact. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce dispositif développé dans le cadre du projet?
00:26:34:21 - 00:27:21:06
Tomas Rindzevicius
Oui. Vous savez, les spectromètres Raman portatifs sont assez courants. Les premiers intervenants les utilisent déjà dans leur travail quotidien, mais pas la partie «exaltée en surface. Et c’est que nous avons ajouté, en l’associant à des algorithmes d’intelligence artificielle et d’apprentissage profond, si bien que notre minuscule prototype était en quelque sorte doté d’un gros bouton rouge. Et il me suffisait de placer un échantillon, d’appuyer sur le bouton rouge, puis d’analyser et d’obtenir une réponse sur l’écran. Tout cela était possible grâce à l’intelligence artificielle qui agissait comme un détective à travers cette matrice complexe, ces échantillons de la vie réelle qui contiennent de nombreux types de molécules différentes.
00:27:21:11 - 00:27:36:01
Tomas Rindzevicius
Donc comme un détective, il repère ce que l’on cherche, et fournit la réponse sur votre écran. Nous avons pu considérablement réduire sa taille, le connecter au cloud et ajouter quelques fonctionnalités intéressantes.
00:27:36:03 - 00:27:44:23
Abigail Acton
Et quel était l’avantage de le connecter au cloud? Est-ce la fait que les données pouvaient être transmises aux personnes chargées de prendre des décisions en fonction de l’environnement?
00:27:45:00 - 00:28:17:08
Tomas Rindzevicius
Oui, c’est exactement cela. Imaginez donc que vous mesuriez, disons, un fluide sur le terrain. Hé bien, il faudra peut-être que des experts situés ailleurs puissent examiner les données. Peut-être que vous ne vous fiez pas complètement à vos algorithmes d’IA. Ou peut-être voulez-vous mesurer un gaz et la façon dont il se propage sur le terrain. Dans ce cas, vous souhaiterez peut-être que les données de capteurs situés à différents endroits soient centralisées et que l’on puisse visualiser sur une carte la façon dont le nuage se disperse.
00:28:17:12 - 00:28:28:12
Abigail Acton
D’accord. Je sais que l’une des percées que vous avez réalisées, une étape majeure, a été la détection du Novichok dans différents mélanges. Oui. Et, pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Avec quelle précision avez-vous pu mesurer cela?
00:28:28:17 - 00:28:54:17
Tomas Rindzevicius
Oui, c’est une histoire intéressante. Vous savez, en 2018, lorsque nous avons commencé à écrire les algorithmes d’intelligence artificielle pour la spectroscopie, on n’entendait que des rumeurs et certainement pas grand-chose concernant la guerre. Nous ne pouvions qu’imaginer de potentielles attaques terroristes. Mais au fil du temps avec la guerre en Ukraine, nous avons pensé qu’il serait vraiment utile de tester la technologie, de la mettre à l’épreuve.
00:28:54:23 - 00:29:17:06
Tomas Rindzevicius
Nous avons également essayé d’imaginer un scénario dans lequel quelqu’un voudrait empoisonner ou ajouter du Novichok à des liquides utilisés dans la vie de tous les jours, par exemple un spray ou un bain de bouche ou tout autre produit utilisé quotidiennement. Et on s’est dit que ce serait un bon test. Nous ajoutons notre échantillon de Novichok au produit, et nous voyons ce que cela donne. Mais franchement nous étions un peu sceptiques.
00:29:17:08 - 00:29:44:07
Tomas Rindzevicius
Nous avons pensé que nous étions peut-être un peu trop optimistes. Mais c’est là que l’intelligence artificielle nous a vraiment surpris. Elle a été incroyablement rapide et bien plus efficace que toutes les méthodes utilisées précédemment. Je suis donc très optimiste pour la suite. Nous avons donc réussi détecter, par exemple, du Novichok dans un spray nasal, à des concentrations bien plus faibles que permet la spectroscopie sérique classique.
00:29:44:09 - 00:29:59:20
Abigail Acton
Bon. Excellent. D’accord. Super. Merci. Cette technologie est vraiment précieuse, une dernière question pour vous, Tomas. Voyez-vous un moyen d’utiliser votre technologie à l’avenir? D’autres évolutions sont-elles à prévoir à mesure que l’IA progresse et que vous combinez les deux? Que voyez-vous pour l’avenir?
00:29:59:22 - 00:30:23:15
Tomas Rindzevicius
Eh bien, je ne peux pas imaginer maintenant, vous savez, la spectroscopie sans l’IA parce qu’elle est vraiment performante. Je pense que l’IA va définitivement entrer dans tous les types d’outils d’analyse. Et, je voudrais parler de la source. Sans aucun doute. Et dans le domaine Raman, vous savez que l’industrie développe des outils de plus en plus petits, de moins en moins chers, de plus en plus performants.
00:30:23:17 - 00:30:47:03
Tomas Rindzevicius
À présent, l’IA est un outil très puissant qui peut analyser les données rapidement et nous aider à trier tous ces composants, dans des fluides réels. Je pense qu’à l’avenir vous verrez sans aucun doute des outils dans lesquels l’IA sera intégrée. Oui. Et peut-être même un jour dans votre portable.
00:30:47:03 - 00:30:47:13
Tomas Rindzevicius
Bon.
00:30:47:13 - 00:30:59:04
Abigail Acton
Bien. Elle est tellement omniprésente. Hé, oui. Non, je veux dire que nous devons penser à l’avenir, n’est-ce pas? Oui. Oui. Excellent. Merci beaucoup. En gros, la seule limite c’est notre imagination. Quelqu’un a-t-il des questions pour Tomas? Oui. Patrick, allez-y.
00:30:59:08 - 00:31:21:24
Patrick Michel
En fait, c’est plutôt commentaire, je pense que cette technologie pourrait s’avérer très utile. Nous avons donc un spectromètre Raman à bord d’un rover qui s’appelle Idefix, développé par le KNESS, l’Agence spatiale française et l’Agence spatiale géologique, qui sera embarqué à bord de la prochaine mission de l’Agence spatiale japonaise qui prélèvera un échantillon sur Phobos, l’une des lunes de Mars, et le ramènera sur Terre.
00:31:21:24 - 00:31:35:15
Patrick Michel
Et avant cela, ils vont déployer un rover à la surface de Phobos. Le rover se déplacera très lentement, et il est équipé d’un spectromètre Raman pour effectuer une analyse élémentaire de la surface de Phobos. C’est là que je pense,qu’il s’agit d’une technologie très puissante.
00:31:35:15 - 00:31:39:17
Tomas Rindzevicius
Merci beaucoup. Oh, c’est génial d’entendre ca, Patrick. Merci.
00:31:39:19 - 00:31:57:07
Abigail Acton
Oui. Cela va clairement dans le sens de vos travaux, Tomas. Mais aussi Patrick, il semblerait que son équipement soit plus sophistiqué que les équipements habituels. Vous avez parlé d’analyse basique. Mais qui sait. Peut-être que Tomas pourrait de vous aider avec quelque chose d’un peu plus que basique. En tout cas, c’est ce qui est formidable avec CORDIScovery.
00:31:57:07 - 00:32:00:10
Abigail Acton
Ce sont les synergies. Oui. Emilio, vous avez une question?
00:32:00:12 - 00:32:19:14
Emilio Chuvieco
Oui, j’aurais plutôt un commentaire général sur l’utilisation de l’intelligence artificielle. J’ai parfois l’impression que ce que vous dites qu’on l’utilise comme un outil pour classifier des données, mais que les bases scientifiques pour comprendre correctement le problème ne sont pas toujours très claires. Quelle est votre avis à ce sujet?
00:32:19:16 - 00:32:43:10
Tomas Rindzevicius
Hé bien, Emilio, je pense que vous êtes dans le vrai. Je vous explique. Les algorithmes de ce projet ont donc été développés par l’université technologique DTU du Danemark. Et en effet, vous avez raison, souvent, lorsque nous leur demandons pourquoi l’IA a pris telle ou telle décision dans certains cas, les chercheurs nous répondent qu’ils ne sont pas sûrs, qu’ils doivent étudier la question.
00:32:43:10 - 00:33:11:11
Tomas Rindzevicius
Nous devons creuser davantage. Donc oui, vous avez raison. Nous constatons que cela fonctionne. Mais, dans de nombreux cas, la raison n’est pas vraiment claire. Même les experts doivent lancer des analyses spécifiques pour comprendre pourquoi certaines décisions ont été prises, pourquoi elles ont été classées comme tel ou tel type. Parce que, lorsque l’on examine le spectre, il n’est pas évident de comprendre pourquoi la décision a été prise.
00:33:11:16 - 00:33:30:06
Abigail Acton
Comme toute science, cela soulève plus de questions que cela n’en résout. Passons au chapitre suivant. Et au chapitre suivant. D’accord. Très bien , merci beaucoup. À vous trois. C’était fascinant. Il est clair que les progrès technologiques que vous réalisez tous contribuent à notre sécurité, et nous vous en remercions.
00:33:30:12 - 00:33:32:24
Tomas Rindzevicius
Merci, merci, merci.
00:33:32:24 - 00:33:33:23
Patrick Michel
Merci beaucoup à vous tous.
00:33:33:23 - 00:33:35:04
Emilio Chuvieco
Merci. Bon. Prenez soin de vous.
00:33:35:04 - 00:33:36:18
Tomas Rindzevicius
Au revoir. Au revoir.
00:33:36:20 - 00:33:58:09
Abigail Acton
Au revoir. Si vous avez apprécié ce podcast, suivez-nous sur Spotify et Apple Podcasts, et consultez la page d’accueil des podcasts sur le site web de Cordis. Abonnez-vous pour vous assurer que les recherches les plus récentes sur la science financée par l’UE ne vous échappent pas. Si vous l’avez apprécié, parlez-en autour de vous. Nous avons parlé de la façon dont des capteurs peuvent déterminer le sexe et l’âge d’un moustique en vol.
00:33:58:11 - 00:34:18:03
Abigail Acton
Dans les 45 derniers épisodes, vous trouverez de quoi titiller votre curiosité. Le site web de Cordis vous donnera des aperçus des résultats des projets financés par les programmes Horizon 2020 et Horizon Europe qui travaillent dans ce domaine. Des motos aux motoneurones, il y a forcément quelque chose pour vous. Vous participez peut-être à un projet ou vous souhaitez faire une demande de financement.
00:34:18:04 - 00:34:37:21
Abigail Acton
Regardez ce que font les autres dans votre domaine. Venez donc découvrir les recherches consacrées à ce qui fait vibrer notre monde. Vos retours sont toujours les bienvenus! Envoyez-nous un message à l’adresse editorial@cordis.europa.eu. À la prochaine!
Des approches innovantes pour répondre à certaines des menaces actuelles
Mieux comprendre les astéroïdes pour améliorer nos systèmes de défense planétaire, découvrir ce qui contribue aux méga-incendies sauvages pour améliorer notre évaluation des risques et développer de petits capteurs précis capables de détecter et d’identifier les risques chimiques liquides à de faibles concentrations: les invités d’aujourd’hui ont mis à profit le financement de la recherche de l’UE pour développer des approches novatrices destinées à améliorer la sécurité. Que peut nous apprendre la spectroscopie Raman exaltée de surface sur la présence de Novichok? Comment mieux appréhender la façon dont les astéroïdes réagissent aux tactiques que nous pourrions être amenés à déployer pour protéger la planète? Comment l’Europe peut-elle réagir plus efficacement face à l’augmentation de la fréquence des incendies de forêt? Découvrez les réponses à ces questions et à bien d’autres encore. Pour cet épisode, nous avons le plaisir d’accueillir: Patrick Michel(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), directeur de recherche au Centre national français de la recherche scientifique de l’Observatoire de la Côte d’Azur(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) à Nice. Il est impliqué dans des missions spatiales vers des astéroïdes, à des fins scientifiques et de défense planétaire, et est le principal investigateur de la mission Hera de l’Agence spatiale européenne(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), qui contribue au premier test de déviation d’astéroïde dans le cadre de la mission DART(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) de la NASA. Patrick Michel a dirigé le projet NEO-MAPP. Emilio Chuvieco(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), professeur de géographie et directeur de la chaire d’éthique environnementale à l’université d’Alcalá(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), en Espagne. Membre élu de l’Académie espagnole des sciences, il s’intéresse principalement à l’utilisation des données d’observation de la Terre pour la surveillance des problèmes environnementaux, en particulier les incendies de forêt, qu’il a étudiés dans le cadre du projet FirEUrisk. Tomas Rindzevicius(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), chercheur principal au sein du Département des technologies de la santé, de l’administration des médicaments et de la détection(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), à l’université technique du Danemark, et coordinateur du projet SERSing. Il concentre ses recherches sur l’utilisation de nanomatériaux pour les applications de détection qui peuvent identifier des traces d’explosifs, de produits chimiques industriels toxiques, ainsi que d’agents de guerre chimique.
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