Des jumeaux numériques stimulent les performances de l’agriculture
Le secteur agroalimentaire européen est actuellement pris entre deux feux. Alors que l’inflation et les prix de l’énergie font grimper les coûts, les réglementations concernant la sécurité et les performances environnementales deviennent plus strictes. «Le respect de ces réglementations peut complexifier la réduction des coûts», explique Daniel De la Puente, coordinateur du projet BBTWINS(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), du Centre national de technologie et de sécurité alimentaire(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (CNTA) en Espagne. «Cela signifie soit une réduction des profits, soit un transfert des coûts vers le consommateur, ce qui alimente la boucle.» Le projet BBTWINS a obtenu un financement de l’entreprise commune Circular Bio-based Europe(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), un partenariat public-privé.
Numériser les industries agroalimentaires
Le projet financé par l’UE a pour but d’identifier les points faibles de deux industries agroalimentaires clés que sont la viande de porc et les fruits à noyaux. L’équipe a voulu évaluer les avantages de l’intégration de technologies numériques capables d’alléger ces charges. «Par exemple, la pesée des porcs consiste souvent en une inspection visuelle menée par un agriculteur qualifié», explique Daniel De la Puente. «Cela peut parfois induire des imprécisions et des taux de durcissement différents susceptibles d’impacter la qualité du produit final.» L’équipe du projet a commencé par rencontrer des agriculteurs et des entreprises de production alimentaire en Espagne et en Grèce afin de mieux appréhender les subtilités des différents processus. Elle a ainsi pu orienter les solutions en fonction des défis pratiques. L’équipe a ensuite formulé des propositions d’optimisation de certains processus. Les utilisateurs finaux ont été informés des potentiels domaines d’application spécifiques de la numérisation, des capteurs, de la traçabilité et des améliorations logistiques.
Des jumeaux numériques pour l’industrie agroalimentaire
Des plateformes basées sur la technologie des jumeaux numériques(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) ont été développées à partir de là. Il s’agissait de créer des répliques numériques en temps réel de processus physiques spécifiques de l’industrie agroalimentaire, tels que la pesée des porcs. L’un des principaux avantages de cette technique réside dans le fait que les processus peuvent être examinés, modifiés et testés sans perturber les chaînes de valeur en place, ce qui permet d’éviter toute conséquence négative. «Le développement de ces jumeaux numériques a nécessité un retour d’information constant de la part des utilisateurs finaux», ajoute Daniel De la Puente. «L’objectif était d’aligner au mieux les plateformes sur les systèmes opérationnels actuels, d’améliorer les interfaces et la qualité des informations fournies.» L’une de ces innovations concerne la vision optimisée par l’intelligence artificielle (IA) pour peser les porcs avec précision. Cela a permis de produire des lots de jambons homogènes et donc des produits finaux plus cohérents. «La technologie permet également de suivre le poids des porcs au fil du temps, les mesures étant automatiquement enregistrées», précise Daniel De la Puente. «En théorie, cela devrait permettre de détecter plus facilement les maladies, de comparer les variations du taux de croissance à différents endroits et de mieux comprendre l’impact des différentes formulations alimentaires.»
Vision artificielle, intelligence artificielle et simulation des processus
Le projet a démontré que les jumeaux numériques qui intègrent, dans une plateforme unique, différentes technologies telles que les capteurs, la vision artificielle et la simulation des processus peuvent contribuer à optimiser les entreprises agricoles. Des interfaces utilisateur et des tableaux de bord ont également été conçus pour fournir des informations pertinentes. «Nous estimons que BBTWINS a démontré que les technologies numériques, si elles sont judicieusement appliquées, peuvent contribuer à résoudre des problèmes spécifiques et pertinents pour l’industrie», affirme Daniel De la Puente. «Il existe encore un fossé en matière de numérisation dans le secteur agroalimentaire, mais nous avons démontré que les producteurs peuvent obtenir un retour sur investissement évident en très peu de temps.» Daniel De la Puente et son équipe sont convaincus que des technologies telles que la vision artificielle, l’intelligence artificielle(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) et la simulation de processus seront de plus en plus populaires et intégrées dans les pratiques quotidiennes de l’industrie alimentaire.
